
Après avoir annoncé la vente d’ 1,5 million de véhicules électriques d’ici fin 2016, Carlos Ghosn, PDG de l’Alliance Renault-Nissan, reporte ses ambitions de 4 à 5 ans.
C’était un pari audacieux de la part de Carlos Ghosn, l’homme qui avait redressé brillamment la barre du constructeur japonais Nissan avant d’ accéder à la direction de la nouvelle Alliance Renault-Nissan: prendre de court tous ses rivaux sur le marché naissant de la voiture électrique. Ghosn s’était donné les moyens de ses ambitions avec le lancement d’une Renault Fluence et d’une Nissan Leaf dès 2010, parallèlement à la mise en place d’un réseau spécialisé et à la formation de techniciens dans le cadre d’un investissement global estimé à 4 milliards d’euros.
Force est de reconnaître aujourd’hui que le pari de devancer tout le monde a échoué. Carlos Ghosn l’attribue à l’absence d’infrastructures (bornes de recharge) en suffisance mais ce n’est pas la seule explication: à quelques exceptions près dont la Norvège, les pouvoirs publics se tâtent sur le soutien à apporter en période de crise (la Belgique a supprimé la prime pour les particuliers) et le client reste perplexe par rapport au prix élevé de cette technologie et à ses aspects pratiques dont l’ autonomie limitée et les performances.
Il apparaît aujourd’hui clairement qu’une voiture 100% électrique doit répondre à un besoin défini (circulation urbaine, arrêts fréquents) ou effectuer des navettes en bénéficiant de bornes de recharge professionnelles ou privées. Ce qui explique que les rares acheteurs actuels soient essentiellement des sociétés, notamment en Belgique où cet achat reste déductible à 120%. C’est le cas par exemple de l’importateur Nissan qui a écoulé aujourd’hui sa centième Leaf depuis le début de l’année. Chez Renault par contre, les ventes de Zoe (66) introduite en Belgique au mois de mai se répartissent également entre particuliers et sociétés.
Entre voitures électriques, hybrides ou bientôt à piles à combustible, les parts de ce marché alternatif restent à définir. L’intérêt récent des constructeurs allemands pour la voiture électrique incite à évoquer une part de marché de 3% en 2020 (au lieu de 0,5% en Europe aujourd’hui).Soit très loin des 10% annoncés par Carlos Ghosn qui espère commercialiser 1,5 million de Renault et de Nissan électriques à cette date ou un peu plus tard. Sans pour autant remettre en cause sa stratégie ni ses ambitions à long terme.