Tesla booste la voiture électrique en parcourant 5.500 km en trois jours


Deux Tesla électriques ont parcouru 5.500 km en un peu plus de 3 jours.
Deux Tesla électriques ont parcouru 5.500 km en un peu plus de 3 jours.

Limitée à un usage urbain, la voiture électrique? En traversant les Etats-Unis d’ouest en est en un peu plus de trois jours avec deux « S », Tesla a prouvé le contraire, servant sa cause mais aussi celle d’une technologie controversée.

Baptisé « Cross Country Rally », le test aux allures de record a été mené à bien il y a quelques jours grâce à un nouveau réseau de superchargeurs de batteries et à l’ autonomie de près de 500 km de ce modèle électrique haut de gamme et sportif: quittant Los Angeles et leurs terres californiennes, deux Tesla S ont rejoint New York en 76 heures au terme d’un parcours de 3.465 miles ou 5.575 km! La performance est d’autant plus impressionnante que les deux véhicules ont affronté les conditions hivernales très rudes sévissant sur une partie du territoire nord-américain: tempêtes de neige, froid polaire, nuages de sable, pluie. Limitant les temps de recharge à un peu plus d’une demi-heure, elles ont réalisé une moyenne, arrêts compris, de 73 km/h. La consommation totale a été de 1197 kWh, soit 23 kWh/100 km. Voilà une approche plus séduisante de la voiture « à zéro émission », même si le bilan écologique global doit être modéré par la production d’électricité aux Etats-Unis dépendant largement des centrales au charbon.

Un nouveau coup de pub

Cette entreprise californienne très éloignée des standards des grands constructeurs automobiles s’est ainsi offert un nouveau coup de pub dans le monde de la voiture électrique qui peine globalement à soigner son image auprès du grand public. Passé maître dans l’art de la communication, Tesla ménage habilement ses effets tout en bénéficiant des largesses de l’Etat fédéral américain et de la Californie sans lesquels le prix de sa « S » (97.500 euros quand même pour la version Performance de 400 ch.) serait encore plus élevé. Un des plus beaux scores, la société l’a réalisé l’an dernier en bourse: clôturant le premier trimestre 2013 avec 11 millions de dollars de bénéfice (le premier de sa courte histoire après une lourde perte en 2012), elle a convaincu assez de nouveaux candidats investisseurs pour faire bondir son action de 175% en mai.

Sur l’ensemble de l’année 2013, 22.000 « S » ont été vendues, un chiffre comparable à celui obtenu par la Chevrolet Volt ou la Nissan Leaf. Dans le même temps, Tesla a gagné 6 places (de la 11e à la 5e) dans le « consumer report » évaluant la perception d’une marque auprès de la clientèle américaine. Un classement dominé par Toyota devant Ford, Honda et Chevrolet mais où la voiture californienne est le premier modèle « premium », faisant mieux que Mercedes, Cadillac ou BMW. On comprend mieux dès lors la rumeur circulant au début de cette année et selon laquelle General Motors serait candidat au rachat de ce petit constructeur prêt à investir dans l’assemblage de batteries à grande échelle après avoir utilisé essentiellement des composants d’autres fabricants.

En attendant, Tesla poursuit son implantation, y compris en Europe (un distributeur est installé avec succès à Bruxelles),  connait un vrai succès au Danemark, royaume de la voiture électrique, et a quelques projets à l’étude dans son département R&D de Palo Alto: un crossover en 2015 et, un peu plus tôt sans doute, une compacte chargée de concurrencer la BMW i3 à un prix un peu supérieur à 30.000 dollars.

Quelques incendies malencontreux consécutifs à des accidents ou une critique dans le New York Times ayant entraîné l’annulation d’une série de commandes n’ont pas suffi  à perturber la marche en avant forcenée de ce petit poucet  de l’industrie  prêt à déborder le cadre des « happy few » fortunés et  soucieux d’écologie automobile. Y compris jusqu’en Chine.

11 réflexions sur “Tesla booste la voiture électrique en parcourant 5.500 km en trois jours

  1. philippe Casse

    Bonjour Simone,

    De grâce, Chère Simone, ne te laisse pas abuser par ce genre de communication !
    En effet, de quoi a eu besoin cette Tesla pour réaliser son raid coast to coast à la vitesse annoncée ?

    D’abord des conducteurs particulièrement attentifs à conduire en anticipant comme peu de conducteurs « de tous les jours » le font de façon à réduire au maximum leur consommation de KW/h.
    Ensuite une circulation américaine ultra fluide qui a le mérite de réduire encore la consommation, une circulation très peu comparable à celle que nous avons en Europe.
    Et enfin et SURTOUT, des stations de recharge d’une puissance de 125 KW (!), bien réparties sur tout le parcours et, qui plus est, assurées d’être libres au moment où la Tesla du test arrivait. Ce test trompe le public sur l’universalité de l’usage de cette voiture et, par extension, sur l’universalité de la voiture électrique en général.

    Transposons cela dans un voyage comparable en Europe, typique des grands départs en vacances et prenons comme exemple un Bruxelles-Florence : 1220 km.
    Pouvez-vous imaginer un seul instant un nombre suffisant de ces postes de recharge spécifique à Tesla répartis tout le long du parcours de façon qu’à ces jours de grandes transhumance, l’utilisateur ne doivent pas y faire la file trop longtemps l

    Ajoutez à cela que le bilan CO2 d’une voiture électrique en Belgique est très nettement inférieur à celui d’une voiture diesel, lui-même meilleur que celui d’une voiture comparable à essence. Les rendements combinés des centrales électriques thermiques (gaz ou fuel), des lignes à hautes tensions, des transformateurs en cascade jusqu’à la distribution domestique, des chargeurs des batteries de l’auto et du rendement de cette dernière font produire indirectement bien plus de C02 à la voiture électrique qu’à sa soeur comparable diesel ! Est-ce pour être à la mode ou dans le vent que nos autorités refusent de s’en rendre compte ?

    Quand se rendra-t-on compte que la seule voiture électrique qui pourrait connaître un succès à grande échelle est la voiture à pile à combustible qui n’a pas besoin de borne de recharge! Mais il faudra lui trouver un autre catalyseur que le platine car il y a tout juste assez de platine sur la terre pour assurer la production d’une année de voitures !

    La voiture électrique est une solution idéale … mais pour un nombre ultra réduit d’utilisateurs que les grands constructeurs (qui surfent sur cette mode actuelle!) estiment au maximum à 3% du marché dans une dizaine d’années.

    Alors, Chère Simone, que toi et tous les gens sérieux qui te lisent restent réalistes !

    Bonne route à tous.

    Philippe Casse

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    1. Merci de ton commentaire comme toujours très élaboré, cher Philippe. Comme dit dans le sujet, il s’agit bien d’un nouveau coup de pub de Tesla, bien ficelé tu en conviendras. Même si l’expérience est peu réaliste -comme le sont d’autres tests réalisés par des constructeurs traditionnels- elle fait réfléchir sur les possibilités de la voiture électrique, y compris dans l’espace restreint où elle sera sans doute confinée, et en fonction de nouvelles sources de production d’énergie moins polluantes. Le sujet ne laisse pas indifférent les internautes par ailleurs et,après avoir été lui aussi boosté par lalibre.be, a provoqué 500 visites sur le blog.

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    2. Renaud

      Bonjour Mr Casse,

      Permettez-moi de répondre ou de corriger certains faits…

      Pour réaliser le cross-country, Tesla n’a pas eu besoin de conducteurs spécialement entrainés ou attentifs, tout au plus résistants et n’ayant pas besoin de beaucoup dormir…
      La moyenne de 23kWh par 100km est en effet tout à fait comparable (si pas plus élevée, d’ailleurs) à la moyenne de ce que le conducteur lambda fait avec sa MS.
      Ici, ils se sont même permis de passer une dizaine de superchargers…

      Ensuite, ces superchargers de 125kW sont là dans le but précis de pouvoir voyager, n’ont rien d’exceptionnels (si ce n’est leur gratuité). Et sont là pour rester: ils ne furent pas installés là dans le seul but de faire ce coup de pub.

      Un Américain, peut dès à présent faire et refaire ce même trajet, à sa guise…pour rien.

      Votre problème de « place » à la « pompe » est certes réel, mais comme il y a de plus en plus de superchargers et qu’il y entre 4 et 10 « pompes » par superchargers, il est en passe d’être résolu. Ne pas oublier que c’est assez nouveau comme concept. Laissons lui le temps de murir…

      En ce qui concerne le bilan C02, voyons voir, un calcul simple:

      En Belgique, moyenne de 265 gr de CO2 par kWh produit en heures creuses.
      Consommation de la voiture 23kWh par 100km. Rendement de la charge 85%,
      23*265/100/0,85= 71 gr de CO2 par km…Une série 5, style 530d, ça donne quoi?
      Et le problème sanitaire lié aux particules fines?

      Pour la pile à combustible, c’est effectivement la solution (sans ) avenir sur laquelle veut plancher Toyota…

      Cordialement,

      Renaud

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  2. paul simeons

    Cher Philippe,je ne conteste absolument pas vos avis;je connais vos compétences et obédiences.Vous serait-il possible de quantifier l’impact global en CO2 d’une voiture électrique en Belgique en tenant compte des rendements combinés des centrales électriques,des lignes à hautes tensions,des transformateurs,de la distribution domestique,des chargeurs de batteries et du rendement des moteurs électriques en les comparants avec les mêmes éléments,ou comparables,avec une voiture à moteur thermique diesel et essence.Nous aurions ENFIN une comparaison complète et fiable.Bien cordialement,paul siméons.

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  3. Marcel lave plus blanc

    Hummm.. Le débat mûrit enfin… Le Tesla Model S est une solution qui me tente fortement car même si le prix de départ est élevé, il y a -je pense- une fameuse compensation de par l’absence de budget carburant, des taxes très faibles et même un ATN à tomber de sa chaise. En effet, la taux d’émission étant de 0 gr, l’ATN se résume à 4% de la valeur d’achat.

    Qu’on le veuille ou non, Tesla jette un fameux pavé dans la marre et contraint les autres constructions automobiles à réagir… ENFIN…

    Le débat sur l’impact environnemental d’une voiture électrique est futile vu le fait qu’une voiture à moteur thermique est une machine qui pollue toujours plus. Quoique nous en pensions, les simples consommateurs que nous sommes ne font que subir les résultats des politiques fiscales relatives ainsi que le pouvoir du lobbying des sociétés pétrolières.

    Reste le problème majeur de l’autonomie d’un véhicule électrique. Le Tesla Model S annonce une autonomie théorique de près de 500km. En pratique, il en est autrement, certains n’hésitent pas à diviser ce nombre par deux lorsqu’on roule en ville ou lorsqu’on roule de la même manière qu’avec votre précédent véhicule avec un moteur thermique. Tesla annonce la solution: des stations « supercharger » qui vous permet de recharger gartuitement à 50% en 20 minutes, à 80% en 40 minutes ou même à 100% en 75 minutes. En Europe, il y a actuellement 14 stations de ce genre alors qu’il y en an 74 en Amérique du Nord. La localisation de ces stations est disponible ici: http://www.teslamotors.com/fr_BE/supercharger

    En Belgique, il n’y en a aucune actuellement… nada… idem en France, rien… Les plus proches se situent en Allemagne (4), en Hollande (2) et en Suisse (1). Bien sûr, Tesla prévoit d’installer d’autres stations. Sur papier, ils annoncent un réseau de stations à travers toute l’Europe. Quand ce réseau sera-t’il vraiment disponible ? Leur site indique « hiver 2014 ». Je reste assez perplexe… Et puis, faudra-t’il « faire la file » pour charger son véhicule ?

    En conclusion, si vous planifiez de changer de véhicule en 2014 ou même en 2015, la Tesla Model S est une solution intéressante si vous roulez RELATIVEMENT PEU et que vous chargez votre véhicule à votre domicile pendant la nuit (7 à 8h de charge sur une prise normale). Pour les longs trajets, mieux vaut avoir la chance de bénéficier d’un second véhicule ou alors de prendre le train ou l’avion.

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    1. Renaud

      Bonjour Marcel,

      L’autonomie de 500 km est certes théorique: pour pouvoir réellement parcourir 500 km avec la MS, il faudrait, en utilisant 95% de la batterie, ne consommer que 150 Wh/km. Ce qui est peu, mais pas impossible. Pour y parvenir, par contre, il faudrait se passer de l’AC, des sieges chauffants et rouler lentement 🙂

      Il y a même des records d’autonomie avec un duo de Hollandais qui a parcouru 620 km sur une seule charge à une vitesse moyenne de 40 km/h…

      L’autonomie pratique est, d’après ce qu’on peut lire sur les fora US et EU plus proche des 350 km que des 500, et ce sur trajets mixtes.

      En ce qui concerne l’autonomie en ville, contrairement à une voiture « classique », la consommation n’augmente pas, que du contraire: vitesse moyenne plus faible et régénération font que l’autonomie ne souffre pas des conditions de roulage en ville. A moins, bien sur, d’être à l’arrêt pendant des heures avec la clim à fond…

      Par contre, pourquoi dites-vous que la Model S n’ est intéressante que si vous roulez relativement peu?

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  4. Gunner

    Ce que l’on le souligne rarement voire jamais, c’est qu’il est possible de produire de l’électricité à partir de différentes sources (nucléaire, fossile, renouvelable). On peut donc envisager à terme, et pour peu que nos politiques ouvrent les yeux, une production entièrement basée sur du renouvelable. Ce ne sera jamais le cas des carburants fossiles. Il est temps de voir les choses autrement qu’à court terme.

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  5. Renaud

    Bonjour, je découvre votre blog, comme beaucoup suite à l’article sur le cross country de Tesla.
    Cela fait des années que je suis Tesla, et Elon Musk, une personnalité vraiment hors du commun.

    Puis-je me permettre de faire quelques corrections à votre article, et y ajouter quelques informations utiles qui pourraient faire prendre la vraie mesure de ce que Tesla a fait, fait et compte faire?

    Tout d’abord, ce cross-country rallye, ok c’est un vrai coup de pub, mais pas uniquement: l’ambition de Tesla (de Musk, en fait) est d’electrifier le transport automobile et de changer la manière dont on l’appréhende. Ici, il a voulu surtout démontrer que chaque américain peut faire (et de manière pratique, le rallye est « sans trucages ») avec sa MS, un trajet cote ouest cote est gratuitement. C’est aussi le point fort du réseau de superchargers (qui s’élargit de plus ou moins une station par jour ouvrable en moyenne): la gratuité total et à vie pour les possesseurs de MS.

    Ce trajet de 5575 km qui a « consommé » l’équivalent d’à peine 119 litres de fuel, aurait couté plus de 430$ en fuel pour une voiture normale. Soit près de 400 litres d’essence.

    La vitesse moyenne si l’on ne tient pas compte des arrêts était de 93 km/h, ce qui est tout à fait respectable compte tenu de la météo rencontrée (les photos sont disponibles).

    Ensuite, quand vous parlez des largesses de l’Etat Federal et de la Californie, il faut tout dire: que Tesla a bénéficié d’un prêt de plusieurs centaines de millions de $ pour lancer la Model S, mais qui est une goutte d’eau en comparaison des prêts reçus par les autres constructeurs. Que ce prêt, Tesla l’a remboursé anticipativement. Ce n’est pas le cas de tout le monde, et il faut se rappeler des sommes colossales pour les bail-out de certains constructeurs. Oui, l’acheteur d’une Tesla bénéficie d’une prime dans presque chaque Etat, mais vu le prix moyen des voitures livrées jusqu’à présent, ce n’est pas ça qui motive l’achat de la voiture. Le modèle 40kWh n’est pas construit (manque de demande et marges trop basse) et il semblerait que c’est le P85 qui se taille la part du lion.
    Il est dommage de passer ça sous silence. Si effectivement la perte de 2012 fut lourde, elle était prévue et contrôlée. Il fallait investir pour grandir et surtout livrer les premières voitures. Suivre, semaines après semaines, les premières livraisons, les productions qui passaient d’un ou deux véhicules par jour à les plus de 600 par semaine en ce moment, avec trimestre après trimestre la marge brute qui passait de quelques % à plus de 20% (un chiffre exceptionnelle dans l’industrie auto), et en parallèle le cours de bourse qui s’appréciait et la bataille féroce entre les vendeurs à découvert et les « longs » était passionnant!

    Prochaine étape: le 19 février avec les chiffres du 4 eme trimestre 2013 et les prévisions pour 2014.

    En ce qui concerne les rumeurs de rachat par GM, honnêtement, personne, personne d’un peu proche du dossier n’y a cru, et puis ils n’auraient jamais réussi à mettre la main sur un nombre d’actions suffisantes…

    Quand vous parlez de Tesla prêt à investir dans l’assemblage de batteries à grande échelle, vous faites erreur: Tesla assemble déjà ses batteries à grande échelle, avec des cellules achetées chez Panasonic. LE grand bon sera la construction d’une usine de production de cellules pour permettre de faire face à la demande du modèle de 3eme génération. Et c’est là que Tesla va encore creuser l’écart…

    En ce qui concerne les modèles futurs: fin 2014, tout début 2015, le Model X, SUV.
    En 2017 le Model E, ou Gen III, qui ne sera pas une concurrente à la I3, mais aux Séries 3/5.

    Bonne route!

    Renaud

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