
C’est le graal de la voiture ancienne: ce soir, 435 concurrents entameront la boucle Brescia-Rome-Brescia (1.600 km) en hommage à la plus prestigieuse course automobile sur routes ouvertes, les « Mille Miglia ». Parmi eux, 10 équipages du « Jaguar Heritage Racing Team » au volant de XK 120, XK 140, Type C et Type D.
Où pouvait-on croiser hier après-midi le chanteur rock Brian Johnson, les acteurs Adrien Brody (Le pianiste) et Jeremy Irons , l’animateur américain de la NBC Jay Leno (Tonight Show), le chanteur flamand Milow ou les pilotes Andy Wallace, Martin Brundle et Bruno Senna? Dans l’espace Jaguar de la Feria de la Brescia . Au sein du peloton très sélect admis au départ des « Mille Miglia », Jaguar fait fort en réunissant au volant de ses voitures autant de vedettes du spectacle et du sport. Andy Wallace (22 participations au 24 Heures du Mans dont une victoire en 1988) pilotera une Type C menée par Stirling Moss au GP de Reims 1952. Quant à Martin Brundle, ex-pilote de F.1 (Tyrrell, Mc Laren, Jordan, Ligier, Benetton etc, recordman du nombre de Grands Prix sans avoir jamais mené un tour en tête!) et vainqueur au Mans en 1990, il conduira une des dernières Types D à long nez. Un volant qu’il partagera avec Bruno Senna (que l’on a vu aux récentes « 6 Heures de Spa), neveu d’Ayrton qui fut autrefois son principal rival en Formule 3. Tout ce beau monde très « british » s’est retrouvé hier soir dans une joyeuse soirée présageant un fameuse virée sur les routes des Mille Miglia.
Six Types E légères vont être construites à l’identique
Fort de son histoire et d’une passion automobile des Anglais que n’a pas anéanti la déroute de l’industrie locale lors des dernières décennies, le constructeur britannique passé sous la coupole de l’Indien Tata a décidé de se lancer à son tour dans le marché très lucratif des voitures anciennes. Il a ainsi annoncé hier la construction de Types E « Lightweight », en fait les six modèles qui n’ont jamais été construits sur les 18 initialement prévus il y a 50 ans. Les nouvelles voitures seront construites à la main et auront les mêmes spécifications que le modèle mythique de 1960, y compris le moteur six cylindres de 3,8 litres. Le recours à l’aluminium (structure de caisse et bloc moteur) et une finition intérieure minimaliste permettront à la version Lightweight de gagner 114 kg sur la version standard produite à 70.000 exemplaires dans les « golden sixties » où elle succéda à la XK. Cette première initiative en annonce d’autres: des séries spéciales, un atelier de pièces de rechange et, on peut l’imaginer, un nouveau musée en remplacement de celui actuellement fermé.
Quel autre moment choisir pour ce message que le départ des « Mille Miglia » à l’aura mondiale et dont il faut rappeler l’origine? Après un premier Grand Prix d’Italie en 1921 à Brescia, le transfert vers le nouvel autodrome de Monza à l’initiative de l’Automobile Club de Milan fut très mal vécu. En réaction, l’AC Brescia organisa en 1927 une course de 1.000 miles désignant la distance d’un aller-retour Brescia-Rome. Alfa puis Mercedes s’y illustrèrent dans les années 30 avec les grands pilotes de l’époque, Varzi, Nuvolari, Carracciola, tandis que naissait chez nous le rallye Liège-Rome-Liège.
Reprises après la guerre en 1947, les « Mille Miglia » marquèrent la grande époque Ferrari, avant des victoires de Lancia et Mercedes. Un grave accident en 1957 signa la fin de cette course sur routes ouvertes, relancée à partir de 1982 sous une formule moins périlleuse: un -rapide- défilé d’ancêtres.
Depuis, le succès des « Mille Miglia » n’a cessé de grandir avec des voitures de plus en plus prestigieuses attirant aujourd’hui un énorme public que l’on retrouve pratiquement tout au long d’un marathon allongé d’un jour et qui se terminera dimanche midi. Au menu, Brescia-Padoue (228 km), Abano Terme-Rome (710 km), Rome-Bologne (552 km) et Bologne-Brescia (218 km).
Le spectacle de cette 87e édition s’annonce grandiose avec deux Bentley Blower de 1930, deux Bugatti Type 35 et 51, des Ferrari de tous types, des Mercedes 300 SL, des Porsche, dont une aux mains de Jacky Ickx, des Alfa 6C, des Maserati,, Talbot, Fiat, BMW etc. En fait, tout ce que l’automobile a produit de plus beau depuis un peu moins de 100 ans.
Une aventure que nous vivrons de près au volant du nouveau coupé Type F héritière moderne de la Type E. (1)
(1) Le reportage des « Mille Miglia » paraîtra dans un prochain « Essentielle Auto » de La Libre.


