Le Salon de l’auto, tribune pour un autre usage de l’automobile


Le développement des transports en commun reste prioritaire pour améliorer la mobilité urbaine.

C’est un classique du mois de janvier : la période du Salon de l’auto offre aussi une tribune à tous ceux qui, à des titres divers, prônent un autre usage de l’automobile, voire sa suppression partielle.

Dès ce matin à l’occasion de la journée de presse et avant l’ouverture au public vendredi, le 95e « Brussels Motor Show » va faire pendant dix jours (12 au 21 janvier) la part belle à l’automobile, à sa production récente et à ses innovations.  De quoi ravir les futurs acheteurs en quête d’informations et de promotions mais davantage encore plusieurs centaines de milliers de visiteurs fidèles à ce qui est devenu au fil des années un vrai show autour de la voiture et de la moto. L’édition 2017 d’un « petit salon » a ainsi attiré 437.111 personnes.

Au quotidien, 53% des Belges utilisent leur voiture

Assiste-t-on parallèlement au crépuscule de l’automobile ? Au-delà d’une relative et lente désaffection des vrais passionnés, les chiffres rappelés par une enquête récente du « Moniteur de l’Automobile » n’abondent pas dans ce sens : 90% des Belges utilisent une voiture, 1 sur 5 a opté pour un véhicule de société et 53% ont recours à leur voiture pour les trajets au quotidien, alors que 8% privilégient le métro/tram/bus, 9% le vélo et 3% le train. Des chiffres confortés par un sondage de VIAS (ex-IBSR) dont une relative surprise :70% des Wallons n’empruntent pas les transports en commun ; en moyenne, le Belge parcourt 149 km par semaine au volant de sa voiture (260 km pour les Luxembourgeois).

Un « mal » inexorable ? Pas vraiment. A l’image de la sécurité mieux prise en compte depuis des années, mobilité et environnement sont devenus des thèmes sensibles pour la majorité de la population, automobilistes y compris. Même si une partie de ces derniers a encore du mal à diversifier ses moyens de déplacement.

Cacophonie autour des solutions

En revanche, la cacophonie est totale dès qu’on aborde les solutions, à moyen mais surtout à long terme, pour progresser dans ces trois domaines depuis la fin des « trente glorieuses » et du tout à  l’ automobile. Si l’augmentation du trafic routier a été annoncée de longue date par les statisticiens, aucune politique cohérente n’a été mise en place depuis plusieurs dizaines d’années. Quelques exemples passés et présents suffisent à l’illustrer : le sous-investissement scandaleux dans les infrastructures et l’entretien des routes wallonnes sous l’ère du ministre responsable de l’époque (Michel Daerden), la même attitude de différents ministres bruxellois de la mobilité à l’égard des tunnels et viaducs de la capitale, ou encore le retard chronique au niveau national du RER dont les travaux devraient reprendre en mars.

Le Diesel adulé puis honni

En Région bruxelloise, la seule attitude des responsables de la mobilité a été de multiplier les obstacles artificiels à l’écoulement du trafic dans le but de décourager les automobilistes. Avec le résultat que l’on connaît aujourd’hui. Même absence de politique gouvernementale à propos des motorisations : largement encouragé fiscalement pour réduire les rejets de C02, le Diesel est honni aujourd’hui avec la même énergie, et d’aucuns attendent un miracle de la voiture électrique qui, pour un certain temps en tout cas, restera une solution partielle et urbaine.

Tout n’est pas noir pour autant : en plus du succès de lignes ferroviaires à grande vitesse illustré par l’emblématique Thalys, le développement en cours des transports publics dans la capitale, même s’il reste beaucoup à faire notamment pour le réseau sous-terrain,  permet de dire que 63% des Bruxellois les ont déjà empruntés. Et à côté des vélos en progression, y compris électriques, les offres de voitures partagées se multiplient.

Repenser fiscalité automobile et urbanisation

Quid de l’avenir proche et un peu plus lointain ? La mobilité et la pollution restent des soucis dans toutes les zones urbaines et périphériques, et un problème majeur à Bruxelles, à la fois ville de transit et destination quotidienne de quelque 300.000 navetteurs, en légère régression toutefois.

Parallèlement  au développement des transports publics et à des travaux à accélérer dans de nombreuses artères bouchonnées et apparentées à un chancre, la fiscalité et l’urbanisation doivent être repensées. Objectifs : d’une part et grâce à l’émergence de la voiture connectée, taxer l’automobiliste en fonction du lieu, de l’heure et du type de motorisation ; d’autre part, inciter davantage de personnes travaillant dans les villes à y vivre également pour limiter les navettes et y recréer de la richesse.

Des vitesses régulées, y compris sur autoroute

L’autre objectif reste la sécurité. Même si elle est fraîchement accueillie dans les régions en charge de la politique de sécurité routière, la proposition du ministre François Bellot d’autoriser une vitesse autoroutière de 130 km/h dans certaines circonstances va dans la bonne direction. L’objectif n’est pas d’augmenter la vitesse dans l’absolu mais de la réguler davantage pour l’adapter aux circonstances, y compris climatiques, et de responsabiliser l’automobiliste.

Dans le même but, généraliser la vitesse urbaine à 30 km/h n’est pas une solution. Toujours grâce à la télématique et à un affichage efficace, mieux vaut imposer des limitations variables et qui ont un sens. Il sera d’autant plus logique alors de pénaliser lourdement le contrevenant.

La folle complexité des niveaux de pouvoir

Reste une difficulté difficilement surmontable aujourd’hui et qui ne bloque pas seulement les rouages du monde de l’automobile et des transports : la folle complexité des niveaux de pouvoir doublée d’ambitions politiques régionales ayant parfois pour conséquence de laisser pourrir volontairement certains dossiers. L’impossibilité d’organiser un grand Bruxelles des transports et de la mobilité l’illustre à suffisance.

Autant de paramètres qui ne doivent pas empêcher chaque automobiliste, passionné ou simple utilisateur, de se remettre en question afin de choisir lors d’un déplacement le mode de transport le plus approprié, y compris pour le monde que nous partageons. Une expérience parfois positivement surprenante en termes de confort et de rapidité, mais aussi de santé.  (Y. de P)

Infos Brussels Motor Show : www.autosalon.be

 

 

 

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2 réflexions sur “Le Salon de l’auto, tribune pour un autre usage de l’automobile

  1. Philippe Casse

    Chère Simone,
    Avant tout mes meilleurs voeux de santé et bonheurs pour 2018 sans oublier des millions de kilomètres heureux.
    Quelle superbe idée de présenter l’inauguration du Salon de l’Auto avec un beau tram. Bravo !
    Quand bien même les transports en commun belges ne parviennent qu’à faire parcourir 16 des kilomètres/passager contre 84% par la voiture et même si cette dernière est et restera encore très longtemps le mode de transport à même de vous faire faire tous vos déplacements que les autres modes ne peuvent voire ne veulent pas faire, on est encore très loin du « crépuscule de l’Automobile ».
    Je sais que certains groupes de militants particulièrement actifs ne veulent pas l’admettre et mettent tout en oeuvre pour discréditer l’Automobile, le mimmiard trois cent millions de voitures dans le parc automobile mondial sont là et bien là pour rendre une myriade de services quotidiens à leurs utilisateurs qui ne sont pas des masochistes.
    Les citoyens de notre pays se comportent malheureusement trop comme des enfants gâtés à se plaindre ds embouteillages.
    En multipliant le parc automobile par 6 en 60 ans, il est logique que l’infrastructure ait les coutures qui craquent ! On ne peut quand même pas démolir toutes les maisons des côtés pair ou impair rien que pour donner plus de place au trafic !
    Alors quoi ? Et bien il faut être intellectuellement plus « smart » et ceci n’a rien à voir avec la petite bagnole charmante qui porte ce nom. Plus smart, cela veut dire, être plus malin que le système et l’utiliser individuellement d’une façon plus intelligente, plus efficace.
    Comment ? Tout simplement en s’intéressant davantage à la qualité de sa mobilité, en réfléchissant autant à l’itinéraire qu’au mode de transport ou à la combinaison de plusieurs modes, en choisissant l’heure idéale, en « sentant » quand le trafic se densifie de trop et en changeant d’itinéraire et surtout en n’étant pas l’automobiliste de trop, le grain de sable qui bloque le système.
    Faites l’expérience quand vous donnez rendez-vous à une personne qui doit vous rejoindre chez vous ou à votre bureau et qui arrive en retard. Si cette personne est bien élevée, elle vous demandera de l’excuser du retard, si elle est un peu moins bien élevée, elle s’en excusera elle-même ! Mais ses excuses sont l’élément indispensable pour lancer le petit jeu de rôle suivant et cela d’autant plus si votre visiteur vous dit avoir été victime d’un embouteillage.
    Vous : « victime de l’embouteillage ? Vous étiez le dernier de la file ? »
    Visiteur : « Non, il y en avait beaucoup derrière moi »
    Vous : « mais alors vous n’étiez donc pas victime de l’embouteillage ! Il n’y a qu’une seule victime par embouteillage, c’est le dernier de la file ! »
    Visiteur : « comment cela ? »
    Vous : « Et bien, il n’y a que le dernier de la file qui ne bloque personne ! Tous les autres ne sont pas seulement DANS l’embouteillage, ils SONT l’embouteillage ! »
    Ceci est la démonstration par l’absurde de ce que les embouteillages structurels ne sont que le résultat de l’obstination de certains à aller se mettre au mauvais moment au mauvais endroit.
    Et quand on sait que si l’on enlève seulement entre une à deux voitures par 20 dans un embouteillage, il se dilue rapidement, on peut regretter la passivité voire pire, le manque d’imagination de ceux qui se disent être les victimes des embouteillages et qui ne font rien pour être créatifs en la matière
    Et c’est un homme de l’Automobile qui signe ce commentaire.
    Regardez qui sont ceux qui sont les plus virulents dans leurs critiques sur les transports en commun, ne sont-ce pas le plus souvent ceux qui ne les empruntent jamais ? Si pour certains, monter dans un tram, un bus ou un métro semble la honte, j’espère qu’ils comprendront que chaque personne qu’ils voient dans un tram, un bus ou s’engouffrer dans une station de métro voire enfourcher leur vélo, c’est chaque fois ou presque un automobiliste en moins dans leur chemin ! Et je ne pense même pas au télétravail par définition invisible sur la route !
    L’automobiliste n’a-t-il pas un devoir d’efficacité quand il « emprunte » l’espace public ? Qu’il ne se transforme pas en Jean-Paul Sartre en affirmant que « l’enfer c’est les autres! ». Et surtout qu’il perde l’espoir de voir se construire des autoroute à 5 ou 7 bandes par sens partout où lui veut la route libre devant lui.
    Et si les changements possibles évoqués ci-dessus ne peuvent être appliqués, il reste la possibilité de déménager ou de changer d’emploi pour les navetteurs.
    Bon salon chère Simone et à bientôt.
    Philippe Casse

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    1. Merci de tes commentaires toujours passionnés, cher Philippe. La photo du tram est destinée à illustrer l’inévitable débat sur la mobilité provoqué chaque année par le Salon de l’auto et confirmé par les propos d’un homme de l’automobile ouvert à d’autres modes de locomotion. Effectivement, si la gestion des navetteurs automobilistes reste complexe, je persiste à croire que dans une ville comme Bruxelles, les citadins sont des sous-utilisateurs des transports en commun.Mercredi matin à la station Heysel, j’étais le seul à descendre d’une rame de métro pour traverser la rue et pénétrer dans le hall d’en face…

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