Le Mémorial de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises va fêter trois anniversaires en 2020


Le Mémorial de Gaulle est à nouveau ouvert depuis le 8 juin.( Ph D.R.)

Cinquante ans après sa mort et 80 ans après l’appel du 18 juin 1940 célébré ce jeudi, le Général de Gaulle reste une référence historique, en France et en Europe. Colombey-les-deux-Eglises, son refuge de Haute-Marne où il est mort et enterré, va le célébrer d’ici à la fin de l’année.

Le nom du Général de Gaulle est partout ces jours-ci dans les médias français, de la télévision  (« Secrets d’Histoire » lundi soir) à la radio grâce à l’excellente matinale de France Inter qui, dans le cadre d’une journée consacrée à l’anniversaire du 18 juin 1940, recevait aujourd’hui un historien anglais, Julian Jackson, auteur d’une biographie a priori passionnante : « De Gaulle, une certaine idée de la France ».

Un article paru début février dans le « Soir » sous la plume d’un journaliste du quotidien allemand « Die Welt » est révélateur de l’héritage de Charles de Gaulle. Evoquant la politique étrangère d’Emmanuel Macron, ses discours sur l’Europe, ses rapports avec l’Afrique ou sa conception de l’Otan, l’auteur estimait que le président français ne fait que reprendre les idées du Général de Gaulle !

Même rapprochement, aux yeux du quotidien libéral-conservateur, entre Macron et son illustre prédécesseur à propos de sa manière de transcender les divisions politiques pour renouer le contact avec le peuple, comme le Général l’avait fait lors de son retour au pouvoir en 1958. Le journaliste croyait ainsi voir derrière chaque discours du président français les mots de Charles de Gaulle, le même « rang » qu’il revendique pour la France, la même manière de s’exprimer à la première personne, voire l’organisation « royale » du palais de l’Elysée à la fin des années ’50 qui serait encore en vigueur aujourd’hui.

« Je vous ai compris »

Heureusement, le journal berlinois ne s’aventura pas à comparer l’éloquence des deux leaders politiques. A ce chapitre, l’homme président aux destinées de la France depuis 2017, malgré le ton solennel encore utilisé lors de la crise du Coronavirus, est loin d’égaler un orateur dont personne n’a oublié le fameux « Je vous ai compris », phrase-clé du discours prononcé à Alger le 4 juin 1958. Même si cette déclaration d’amour fut très diversement comprise ensuite par les groupes violemment opposés sur l’issue de la guerre coloniale en Algérie.

Mais avant son retour en politique et l’épisode algérien qui faillit lui coûter la vie lors de l’attentat du Petit-Clamart perpétré en 1962 par l’organisation terroriste l’OAS, de Gaulle fut d’abord l’homme de l’appel du 18 juin 1940 puis de la deuxième guerre mondiale jusqu’à la libération de Paris quatre ans plus tard.

De Gaulle reste une référence pour les candidats à la présidence

A ce rappel historique, Jacques Godfrain, le président de la Fondation de Gaulle, ajoute un élément lié à une actualité relativement récente : « lors des dernières élections présidentielles, pas moins de douze candidats de tous bords se sont référés à de Gaulle ». Dont bien sûr Emmanuel Macron !

Evidemment, le monde a changé depuis la fin de l’ère gaullienne et, bien avant les gilets jaunes, les grèves jusqu’au-boutistes et les effets dévastateurs du Coronavirus sur le tourisme essentiel à l’économie, la France a perdu de sa superbe sur la scène internationale. Sans pour autant faire disparaître des mémoires collectives celui que d’aucuns considèrent comme « le dernier grand homme politique français ». Malgré les 130 ans nous séparant de sa naissance, les 80 ans de l’appel du 18 juin 1940 et les 50 ans de sa mort au domaine familial de la Boisserie. Le 9 novembre, jour anniversaire de la mort du Général, Emmanuel Macron se rendra d’ailleurs à Colombey.

Une expo « 1940, il est devenu de Gaulle »

Ce triple anniversaire, le Mémorial Charles de Gaulle situé en Haute-Marne, à Colombey-les-Deux-Eglises, s’apprête à le célébrer d’ici à la fin de l’année en mettant à profit la réouverture des musées en France début juin. D’abord sous la forme d’une expo intitulée « 1940, il est devenu de Gaulle », axée sur la figure combattante de l’homme qui, alors colonel, se voit confier au mois de mai 1940 la plus puissante division de chars de combat afin de repousser l’ennemi et ses redoutables « Panzer ».

En revanche, la reconstitution programmée les 13 et 14 juin avec véhicules de 1940, armée et bivouac a bien sûr été reportée. Et on attend le démarrage du spectacle « De Gaulle en Grand », une projection nocturne inédite sur la Croix de Lorraine prévue jusqu’à fin août du mercredi au dimanche inclus.

Un minitrip à 5 h. de voiture

En fait, l’intérêt d’un minitrip à Colombey-les-Deux-Eglises, situé à 5 h. de voiture depuis Bruxelles, ne se limite pas à l’évocation du plus célèbre de ses habitants, même si l’histoire récente de ce petit village de 750 âmes lui doit tout. Bien avant le Mémorial inauguré le 11 octobre 2008 par Nicolas Sarkosy et Angela Merkel, l’histoire de la famille de Gaulle à Colombey débute en 1934 avec l’achat du modeste domaine de la Boisserie dans le but, dit-on, de permettre à leur fille Anne, trisomique, de vivre à la campagne.

Originaire de Lille – sa maison familiale est devenue un musée-, de Gaulle est bientôt lié par un attachement viscéral à la Boisserie devenue lieu de repos, de réflexion et de refuge entre deux crises politiques. C’est là que, après les évènements de mai 1968, le président de la République se retire pour imaginer sans succès une reconquête de l’opinion publique. Après l’échec, le 27 avril 1969, d’un référendum sur une réforme du Sénat associée à un projet de régionalisation, de Gaulle démissionne sur le champ et se retire à Colombey. Il y meurt subitement le 9 novembre 1970 et repose au cimetière local dans la plus grande simplicité, aux côtés de son épouse Yvonne et de sa fille Anne.

Le Mémorial, une expo didactique sur le XXe siècle

Il ne faut pas pour autant rejoindre Colombey dans l’espoir d’y retrouver les souvenirs du Général de Gaulle. A sa demande, sa veuve a, dès le lendemain de sa mort, brûlé ses effets personnels pour éviter toute forme d’idolâtrie à l’égard de l’ancien héros de la deuxième guerre mondiale.

Le Mémorial, fort de ses 4.000 m2 et d’une architecture originale intégrée dans le paysage campagnard de la Haute-Marne, n’est donc pas à proprement parler un « musée de Gaulle » mais un lieu de mémoire et d’exposition didactique faisant revivre le XX e siècle. Différentes ambiances plongent le visiteur dans l’époque grâce à des décors, films, bornes multimédia, commentaires écrits, archives sonores et audiovisuelles. On y retrouve bien sûr le Général dans ses divers rôles : écrivain, chef de la France Libre, père de famille et homme politique, sans oublier son héritage ni les critiques et caricatures inspirées par une personnalité haute en couleurs.

Une croix de Lorraine érigée à sa demande

« Si un jour, après moi, on veut marquer ce lieu, c’est ici qu’il faudrait le faire, mais très simplement, pas de statue…peut être une Croix de Lorraine », avait dit le Général de Gaulle. Son vœu fut exaucé en 1972 sur une colline surplombant Colombey à 397m d’altitude. Symbolisant la France Libre, une impressionnante Croix de Lorraine de 44 m de haut financée par une souscription internationale fut inaugurée à une date de référence -le 18 Juin- en présence du Président de la République française Georges Pompidou, de la famille De Gaulle et d’une immense foule.

Un passage au pied de la Croix de Lorraine s’impose dès lors et sera complété avec bonheur par un détour à la Boisserie, la demeure toujours imprégnée de l’esprit du Général et restée jusqu’à aujourd’hui la résidence de sa famille qui a réservé le premier étage à son usage privé.

Une seconde vie pour le Mémorial ?

Pour le Mémorial construit il y a près de 12 ans, 2020 devrait être le début d’une seconde vie sous la direction d’une nouvelle équipe d’animation. Après avoir accueilli les voitures de l’Elysée, les robes des Premières Dames ou le cinéma des années ’60, Colombey-les-Deux Eglises a besoin d’entretenir le feu sacré autour d’une période marquante de notre histoire récente et d’un personnage très présent dans les mémoires mais que la plupart des visiteurs actuels n’ont pas connu de son vivant. Y compris les Belges, Allemands et Anglais figurant parmi les premiers touristes étrangers.

S’ils font étape à l’hostellerie étoilée « La Montagne », une table de qualité mais à l’abord simple comme le Général l’aurait aimé, on leur proposera à 65€ pour cinq services un menu intitulé « Je vous ai compris ! ».

 

BREVES

L’appel du 18 juin

Texte fondateur de la Résistance française dont il demeure le symbole, l’appel du 18 juin 1940 a été lancé par le Général de Gaulle depuis Londres sur les antennes de la BBC, en concertation avec le Premier ministre britannique Winston Churchill et après la décision prise la veille par le Maréchal Pétain de demander l’armistice à l’Allemagne.

Cet appel incitait tous ceux qui voulaient, depuis l’Angleterre, continuer le combat contre l’Allemagne, à se mettre en rapport avec lui en vue d’une guerre qu’il imagine mondiale. Le discours s’adressait à tous les militaires mais aussi aux ingénieurs et ouvriers spécialistes de l’armement.

En fait, ce premier discours gaulliste, non enregistré, sera très peu entendu le jour même mais la publication dans le Time et le Daily Express, puis dans quelques journaux régionaux français, d’une version écrite du Ministry of Information (MOI) va lui valoir un autre retentissement. En outre, un texte différent sera enregistré quelques jours plus tard, le 22 juin.

« Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! »

Grandiloquent, de Gaulle savait l’être à bon escient, par exemple pour galvaniser les foules après quatre ans de guerre. Témoin, ce discours prononcé le 25 août 1944 à l’hôtel de ville de Paris après être entré à la tête de ses troupes dans la capitale libérée : « Nous sommes ici chez nous dans Paris levé, debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains. (…) Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière : c’est-à-dire de la France qui se bat. C’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle ! »

REPORTAGE CE VENDREDI DANS ESSENTIELLE AUTO (LA LIBRE + LA DH).

On retrouve aussi dans ce musée les voitures utilisées par le Général de Gaulle dont les Citroën DS.
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