Stationnement: Bruxelles met-elle la charrue avant les boeufs?


Un  des objectifs est de réduire de 20% le nombre de parkings à Bruxelles.
Un des objectifs est de réduire de 20% le nombre de parkings à Bruxelles.

Le PRPS (Plan Régional  de Politique du Stationnement)  fait débat dans les 19 communes de la Région bruxelloise. Vous avez jusqu’ à  ce soir pour réagir à l’enquête publique.

Que la mobilité et notamment le stationnement des véhicules posent problème en région bruxelloise, personne n’en doute. Le phénomène est criant dans certains centres mais aussi dans des zones résidentielles suite à la transformation de l’habitat. Un tiers du trafic serait généré par des conducteurs  à la recherche d’une place de parking.

Comment  remédier à cette situation? Après l’échec du plan Iris I (-20% de trafic en 2010…) et un plan Iris 2 contesté, la mise en place d’un « Plan Régional  de Politique du Stationnement » (PRPS) va dans la même direction. Ses objectifs sont  louables: harmoniser et simplifier les politiques de stationnement des communes bruxelloises; donner aux riverains une place de stationnement à proximité de leur domicile; libérer de l’espace en voirie pour les autres modes de déplacement; encourager positivement les alternatives à la voiture : transports publics et mobilité douce (vélo, marche), que ce soit pour les Bruxellois ou les  navetteurs.

La mise en pratique du plan et un objectif déterminé sur des bases non scientifiques – d’ici à 2018, supprimer 20% des places de parking-  font en revanche débat. Il concerne par exemple la distribution réduite de cartes de riverains qui ne prend en compte ni la composition d’une famille, ni les besoins professionnels éventuels de ses membres ni la disponibilité de transports en commun à proximité. Même constat à propos de l’uniformisation des zones de parkings (rouge, orange, verte, bleue) et des tarifs alors que les exigences varient selon les zones. Une petite commune comme Watermael-Boitsfort n’a pas de parkings payants parce qu’ils ne ne justifient pas: en 2005, Boitsfort comptait 79 espaces réglementés pour 2.393 à Ixelles ou 4.260 à Etterbeek. L’uniformisation a des limites.

Autre constat: encourager l’usage des parkings de dissuasion (P+R) ou des transports publics tient du bon sens mais ces parkings sont souvent complets, la mise en route du RER est reportée, l’extension du métro est à peine évoquée, le prix des transports publics grimpe et il manque à la fois des pistes cyclables et des parkings vélos sécurisés.  « S’il est appliqué tel quel, note un observateur proche du dossier, ce plan aura une influence radicale sur la liberté des Bruxellois d’utiliser leur voiture, voire même d’en disposer d’une. »

Deux questions viennent dès lors à l’esprit. Ce plan,  déjà voté en première lecture par le parlement bruxellois et qui veut tout réglementer (le texte comporte 112 pages) n’est-il pas trop ambitieux? Aujourd’hui déjà, beaucoup d’ infractions pénalisant le trafic ou les piétons restent trop souvent impunies: parking en double file, sur les trottoirs, sur des zones de livraison ou des axes rouges. Et ce plan ne met-il pas la charrue avant les boeufs en prônant des alternatives qui n’existent pas ou trop peu? Se limiter à des  objectifs communs aisés à appliquer, admissibles par tous les habitants et navetteurs et assortis de sanctions incontournables n’aurait-il pas été plus efficace dans un premier temps que ce grand barnum?

En pratique, après la clôture ce soir de l’enquête publique, chaque commune disposera de 12 mois pour établir son propre plan communal dans le respect de la future réglementation régionale qui sera renouvelable tous les 5 ans.

Enfin, à la lecture des documents de Bruxelles Mobilité et à l’écoute de membres de la commission, on a la conviction d’assister, comme chaque fois qu’il est question de mobilité à un débat sous-jacent entre les « pro » et les « anti-voitures ». « Lorsque je rentrais en réunion, raconte un participant, je savais déjà que mes avis ne seraient pas pris en considération parce que je faisais partie d’une association d’automobilistes ».

La plupart des citoyens responsables s’accordent néanmoins à dire, comme le PRPS que, « dans une ville, l’espace public est à partager entre tous les usagers ». La méthode utilisée et les a priori présidant à certains choix prêtent en revanche le flanc à la critique.

Remarques sur la PRPS à transmettre ce soir au plus tard à : bruxellesmobilite@mrbc.irisnet.be

Le PRPS en bref

Bruxelles rejette les voitures avant de chercher des alternatives

La mobilité à Bruxelles: dialogue de sourds

 

2 réflexions sur “Stationnement: Bruxelles met-elle la charrue avant les boeufs?

  1. Le MR bruxellois réagit au plan de stationnement:
    De Wolf n’en démord pas: le plan de Grouwels doit changer

    Le chef du groupe MR au parlement bruxellois Vincent De Wolf n’en démord pas: Bruxelles a besoin d’une réglementation du stationnement, mais le plan approuvé à l’initiative de la ministre Brigitte Grouwels doit être amendé sur plusieurs points touchant à la vie économique et au quotidien des Bruxellois. Le député-bourgmestre MR de la commune d’Etterbeek a remis jeudi à la ministre une pétition qui a réuni 6.256 signatures. « Il s’agit d’attirer l’attention sur les incohérences du plan et le caractère lacunaire de la campagne d’information lancée dans le cadre de l’enquête publique », a-t-il expliqué.

    Selon lui, le dépliant d’information distribué en nombre limité (150 exemplaires à Etterbeek) ne donne que quelques lignes directrices du plan, mais il ne dit pas que les communes seront dans l’obligation de réduire le nombre de places en voirie de 45.000 par rapport aux 280.000 recensées en 2004. Cette diminution est à ajouter à celle du nombre des places de stationnement encouragée dans les parkings privés d’entreprise dans le cadre du Code bruxellois de l’air, du climat et de la maîtrise de l’énergie -Cobrace).

    Pour Vincent De Wolf, la mouture actuelle du plan ne permettrait pas aux hôpitaux censés faire travailler du personnel en dehors des heures de desserte des transports en commun de disposer de plus que 30 cartes de parking, contre monnaie sonnante et trébuchante. Pour les soins à domicile, rien n’est prévu hors interventions d’urgence. Le risque est grand, dixit Vincent De Wolf, de voir des médecins généralistes et d’autres professionnels du (para)médical de refuser de se déplacer chez leurs patients.

    Par ailleurs, des dérogations sont prévues pour les écoles et les crèches (des cartes pour 30% du personnel), mais dans ce cas, pourquoi pas pour les entreprises, s’est-il demandé. Enfin, le député libéral a déploré l’instauration d’une carte de 90 euros par mois autorisant les artisans à se parquer durant deux heures près du lieu de résidence de leurs clients pour les seules interventions urgentes.

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  2. QQ réactions via « lalibre.be »
    metearth – Belgique
    21.03.13 | 20h33

    J’en ai marre de tourner en rond dans mon quartier pour rentrer chez moi le soir, parceque ces génies du service d’immobilité ont condamné un bon 1/3 des places qui existaient encore voici un an.
    Suppressions des places, entraves à la circulation, transports en communs routiers peu efficaces et lents, pressions financières, … Rien n’est fait pour rationaliser la mobilité en ville alors que les solutions sont simples : allonger les voies de métro, mettre certains axes à sens unique, des bus « rapides » à horaires variables qui ne desservent uniquement que certains points très fréquentés et éloignés, parking peu chers et connecté au métro en périphérie, etc….

    Deux minutes de courage politique suffisent… Mais l’égo de certains discutailleurs prennent en otage toute une région et son économie…

    Damiend – Belgique
    21.03.13 | 17h17

    En effet, les P+R sont une honte. Bien trop petits, toujours remplis. L’exemple type est le parking au métro Kraainem. Difficile même d’y circuler la semaine parce que les gens s’y mettent de travers dans les allées tellement les places font défaut. Personnellement, je serais même prêt à payer si cela me permettrait de trouver une place et de ne pas devoir choisir entre aller à quelques kilomètres et devoir attendre un bus, ou aller en ville et devoir également payer le stationnement. En tout cas, il faut faire quelque chose pour les P+R (les mettre sur plusieurs niveaux, moduler le prix en fonction de la demande, les deux).

    Mettre également un place un péage urbain variable selon le trafic (cher à l’heure de pointe, moins cher lorsque la ville est vide), comme dans les villes bien gérées. Redistribuer l’argent récolté aux Bruxellois selon une grille progressive.

    floriduh – Etats-Unis
    21.03.13 | 17h14

    Nos choix sont dictés par la recherche de la facilité et de l’économie.
    Lorsque je me pose la question de savoir quel moyen de transport utiliser pour aller d’un point à l’autre, je considère la distance, la météo, l’aisance, le fait d’avoir avec moi d’autres personnes se rendant au même endroit, les choses que je devrai apporter avec moi, l’heure à laquelle je compte revenir, les embouteillages, et une myriade d’autres facteurs.
    Multipliez ce raisonnement par tous les citoyens prenant la route aujourd’hui, et vous avez une situation éminemment complexe.
    Penser que les problèmes de circulation à Bruxelles peuvent être réglés simplement par une diminution des places de parking est une idée simpliste.
    Encourager les gens à utiliser les transports en commun est une idée louable. Les punir quand ils utilisent leur voiture est ridicule.
    La carotte a toujours été plus efficace que le bâton, mais ce dernier a souvent la préférence de nos autorités, car il requiert moins d’ingéniosité.

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