Carte blanche: « le gaz naturel, une alternative à l’essence et au diesel »


Populaire en Italie et en Allemagne, le gaz naturel reste marginal en Belgique.
Populaire en Italie et en Allemagne, le gaz naturel reste marginal en Belgique.

Plus économique et plus écologique que ses concurrents, le gaz naturel composé essentiellement de méthane (CH4) est disponible en quantité dans le monde, mais son utilisation reste très limitée en Belgique. A tort.

Par Jean-Marc Ponteville

Jean-Marc Ponteville, PR Manager chez Volkswagen (D'Ieteren).
Jean-Marc Ponteville, PR Manager chez Volkswagen (D’Ieteren).

Un rappel tout d’abord : le gaz naturel n’a rien à voir avec le LPG (« Liquefied Petroleum Gas »), également connu sous le nom d’« Autogas ». Ce dernier n’est paun gaz naturellement présent dans le sous-sol, mais un résidu du raffinage du pétrole brut. Le gaz naturel, appelé également CNG (pour « Compressed Natural Gas ») alimente nos chauffages ou certaines centrales de production d’énergie électrique mais on le retrouve encore très peu dans le réservoir des voitures en Belgique. Or les voitures au CNG existent depuis longtemps et même en nombre dans certains pays comme l’Allemagne ou l’Italie par exemple. Dans certaines villes allemandes comme Berlin, beaucoup de taxis utilisent ce carburant.

En tant que carburant automobile, le gaz naturel présente au moins trois avantages majeurs. Il diminue l’empreinte carbone tout en limitant la dépendance au pétrole, il est économiquement intéressant et il facilite l’utilisation d’énergies renouvelables.

Le premier avantage concerne les émissions réduites par rapport à ses concurrents que sont l’essence et le diesel. Il ne s’agit pas d’un carburant « 0  émission » pour autant mais, à trajet égal, une voiture roulant au CNG libère jusqu’à 25% de CO2 en moins (soit, en moyenne, 80 à 120 g/km pour des moteurs de 1.0 à 2.0 l de cylindrée de 60 à 150 ch) qu’une voiture à essence et n’émet pratiquement pas de particules.

Le second avantage est lié au prix. A moins de1 €/kg, il s’agit d’une bonne affaire. La quantité est ici exprimée en kg en non pas en litres. A titre de comparaison, on estime que 1 kg de CNG équivaut environ à 1,5 l d’essence ou 1,3 l de diesel.   Avec, par exemple, les 20 kg de gaz naturel de ses réservoirs logés sous le soubassement et les 30 l de son réservoir à essence, une grande routière peut parcourir près de 900 km. Lorsque le réservoir de CNG est vide, le moteur commute en mode essence. Le passage l’un carburant à l’autre se fait de manière automatique et imperceptible.     Une petite citadine disposant de deux réservoirs d’un volume total de 70 l peut embarquer 11 kg de CNG à une pression de 200 bars. Avec un réservoir d’essence d’appoint de 10 l, l’autonomie dépasse les 500 km.

Dans les conditions de taxation actuelles, le gaz naturel est donc une alternative économiquement intéressante, même en tenant compte du prix légèrement plus élevé du véhicule dont le moteur a dû être adapté pour fonctionner en double carburation essence/gaz. Ce fonctionnement particulier est prévu dans la plupart des cas à l’usine lors de la fabrication de la voiture et bénéficie donc de la garantie du constructeur. Il n’y a donc pas de montage ultérieur à réaliser ni de réservoir dans le coffre, comme c’était souvent le cas avec certaines installations LPG.

Le troisième avantage du CNG est lié à sa production. Les réserves disponibles sont plus importantes que celles de pétrole et le réseau d’acheminement du gaz est très étendu, ce qui le rend largement disponible. Ce qui pourrait rendre ce carburant encore plus intéressant, c’est la possibilité de le produire de manière synthétique sur base d’énergies renouvelables. Le premier groupe automobile européen mène plusieurs projets de production de bio-gaz, également appelé gaz éolien ou encore « e-gas ». Ce processus de production à partir d’une énergie renouvelable telle que l’éolien passe par l’électrolyse de l’eau, puis la recomposition du gaz à partir d’hydrogène ainsi obtenu associé à du CO2. La combinaison de l’hydrogène et du CO2 permet d’obtenir du CH4 (méthane) directement utilisable pour le chauffage, l’industrie ou les moteurs. Ce processus, certes complexe, est notamment amené à jouer un rôle « tampon » lorsque la production d’énergie électrique excède la demande en permettant son stockage sous forme de gaz.  Un autre processus de fabrication plus direct existe à partir de l’utilisation de résidus organiques agricoles par exemple. En se décomposant, ces résidus génèrent de la chaleur et du gaz qui peuvent être récupérés.

A cela s’ajoute que la sécurité des voitures au gaz naturel est remarquable comme l’ont démontré les tests réalisés par l’association automobile allemande ADAC. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’accès aux parkings souterrains est autorisé aux voitures roulant au CNG.

En Belgique, on trouve encore peu de voitures fonctionnant au gaz naturel. Est-ce dû au fait qu’il n’y a encore que peu de stations ou le réseau de distribution est-il peu développé en raison du nombre peu important de voitures ? Les deux sont liés bien entendu mais cela n’empêche pas certains acteurs du monde automobile et énergétique de faire bouger les choses. De grandes marques comme Volkswagen, Audi et d’autres, ainsi que Dats24, Electrabel et Total investissent dans le développement de cette énergie alternative dans notre pays. Une dizaine de stations existent déjà chez nous et le réseau est en expansion.

A l’avenir, le gaz naturel est amené à jouer un rôle de plus en plus important comme carburant automobile. Il constitue même l’une des voies privilégiées pour contribuer rapidement et à coût raisonnable à la diminution significative des émissions prévue d’ici 2020 en Europe. Le gaz naturel, surtout d’origine éolienne, est probablement le carburant alternatif actuellement le plus prometteur. Moins chère et plus flexible que la voiture électrique, L’auto fonctionnant au CNG  intéresse déjà les entreprises et les flottes qui constituent souvent la voie privilégiée pour l’introduction des nouvelles technologies sur nos routes.

Informations basées sur la brochure « ViaVision – Nachrichten aus der mobilen Zukunft » du Groupe Volkswagen numéro 1/2013, « Mehr Energie, weniger CO2 – Erdgas »

3 réflexions sur “Carte blanche: « le gaz naturel, une alternative à l’essence et au diesel »

  1. philippe Casse

    Belle idée en effet mais combien y a-t-il de pompes en Belgique ?

    Les voitures équipées au LPG sont interdites à bord des ferries et du tunnel sous la Manche ainsi que dans la plupart des grands tunnels des Alpes et dans de nombreux parking couverts, surtout les sous-terrains : c »est normal car le LPG étant plus lourd que l’air, en cas de fuite, il va se concentrer dans les fonds et le risque d’explosion est alors majeur. Il y a 3 ou 4 décennies, un immeuble d’Uccle Fond Roy a du être démoli après avoir été déstabilisé par une explosion de LPG dans le caves.

    Comme le gaz naturel est un gaz plus léger que l’air, les voitures équipées au CNG subissent-elles les mêmes limitations ? En cas de fuite, le gza naturel « monte » et se disperse donc dans l’air.

    PhC.

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    1. Jose

      D’abord le voitures avec du LPG ne peuvent pas utiliser le tunnel sous la Manche mais elles peuvent utiliser les ferries. Puis, si le parking a de la ventilation forcé au niveau du sol il peut acuellir des voitures LPG en Belgique. Finalement, il y deux tipes de CNG, le Low qui vien de Groningen, et le High qui vien de Qatar et Russie. Le Low a un prix de moins de 1 Euro (0,85 centes plus au moins) mais aussi moins de energie. Le High a un pirx de 1,05 Euros et plus d’energie. Dans la article on ne clarifique pas ça qu’on parle du rendement du CNG.

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      1. Stevin

        C’est vrai. Personne n’explique à l’achat d’une voiture CNG que aux Benelux et en Allemagne il y deux tipes de gaz naturel. 1 kilogramme de HIGH n’a rien avoir avec 1 kg de LOW.

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